Journées du Patrimoine 2005
Pagnerre

Expositions & Evènements

 

Sur les traces de Pagnerre .

 

Gabriel Pagnerre a signé plus de deux cents dans la métropole lilloise. Une architecture inventive.

 

Enfin ! Gabriel Pagnerre sort de l'oubli, après un long purgatoire. Lors des dernières Journées du Patrimoine, plusieurs centaines de personnes ont admiré, dans les rues de la métropole lilloise, les maisons de cet architecte prolifique. L'association historique de Mons-en-Barœul, qui organisait ce circuit, prépare maintenant un livre et aimerait diffuser le film qu'elle a produit (1). C'est que la vie et l'œuvre de l'architecte sont passionnantes : « Pagnerre avait la volonté de s'ancrer dans son époque, ex­plique l'architecte Nathalie Ponchel. Entier, passionné, engagé, talentueux, il a pris des risques. Il a emprunté un nouveau vocabulaire chez les maîtres de l'architecture contemporaine, au risque de déplaire ».

 

En 1987, Nathalie Ponchel est la première à prendre Pagnerre au sérieux. Étudiante à l'École d'architecture de Lille, elle effectue, pendant un an et demi, un repérage de ses constructions. Elle retrouve aussi Nelly, sa fille, qui, peu de temps avant sa mort, lui confie ses souvenirs familiaux. Né en 1874 a Petite-Synthe, Gabriel Pagnerre a appris son métier sur le tas, dans le cabinet d'architecture de son père. C'est sa chance : en échappant à la formation académique, il s'affranchit du classicisme alors en vigueur. * Pagnerre est en recherche, comme Louis Quételard ou Horace Pouillet (2), raconte Nathalie Ponchel. Il va puiser dans tous les styles pour essayer de renouveler le vocabulaire architectural : c'est un architecte de l'éclectisme ». Son premier cabinet, situé au 255 de la rue du Général de Gaulle à Mons-en-Barœul. est un beau témoignage de cette période.

 

Un homme de convictions.

 

« Son style se rapproche ensuite de l'Art nouveau, façon Victor Horta ou Paul Hankar (3), reprend Nathalie Ponchel. Après guerre, Pagnerre prend le contre-pied de cette tendance en adoptant un vocabulaire plus géométrique, plus épuré. Il évolue vers une architecture de volumes, en créant des balcons, des auvents, des terrasses... » En 1925, il ose un mariage audacieux entre brique et béton dans une maison de ville à Coudekerque-Branche (16, rue Molière). Sa dernière maison, au 5 de la rue Franck à Lille, puise ses références chez Mallet-Stevens et Le Corbusier (4).

 

Victime de trois congestions cérébrales, Pa­gnerre connaît une fin de vie tragique. Son univers s'effondre. Son cabinet est en faillite, sa femme le quitte. À sa mort, en 1938, l'architecte n'a pas que des amis. «Très ancré politiquement, c'était un pur et dur, poursuit Nathalie Ponchel. Il n'a pas toujours laissé de bons souvenirs. » Des convictions tranchées commentées par André Caudron, secrétaire de l'association historique de Mons-en-Barœul : « Progressiste, Pagnerre s'est très tôt rapproché des communistes. En 1925. il critique dans L'Enchainé, un journal engagé, les célébrations du 11 novembre, qu'il juge trop triomphalistes. Il fallait oser ». Selon André Caudron, Pagnerre développe aussi dans ses écrits la vision futuriste d'une grande métropole lilloise : * II évolue ensuite vers une forme de régionalisme exacerbé •.

 

Par chance, le temps - et les promoteurs immobiliers - ont relativement épargné l'œuvre de Gabriel Pagnerre. Deux villas monsoises, rue du Général de Gaulle (Saint-Luc et Le Rêve), ont été ainsi sauvées in extremis dans les années 80. Le Vert Cottage, son deuxième cabinet, également à Mons-en-Barœul, est heureusement toujours debout, malgré les menaces. Profitons-en pour valoriser ce patrimoine !

 

sylvain marcelu

 

 

A voir...

 

À Mons-en-Barœul. 255, rue du Central de Gaulle : le premier cabinet d'architecte. D'autre? villas rue du Général de Gaulle : 165 (Pax). 174, 176, 200 (Saint-Luc). 202 (Le Rêve). Au 2, rue du Quesnelet : le deuxième cabinet d'architecte, le Vert Cottage, d'inspiration anglaise. A voir, le pavillon de l'arrière (accès par le 2, avenue du Trocadèro), construit pour sa mère. Enfin, la rue Pasteur est peuplée de maisons Pagnerre : voir au 16-18, 57. 65, 67, 69. 86, 88.

 

A Marcq-en-Barœul. Rue de la Prévoyance : en construisant en 1932 ces maisons modestes, Pagnerre donne à chacune une pointe d'originalité. Au 44/46, avenue de Flandre, la maison jumelle, longtemps abandonnée, a été transformée en bureaux.

 

A La Madeleine. Villas au 25, rue du Docteur Legav (les Fauvettes), au 57, rue de Paris, aux 49. SI, 53 et 55, rue Berthelot. au 121, avenue de la République,

 

A Lille. Dans le quartier du Lion d'Or à Fixes, Pagnerre est intervenu place Alexandre Dumas (9, 11. 16 et 38) mais aussi rue d'Artagnan (4 et 6). Au 90. rue Racine à Wazemmes, l'ancienne Poste abritait autrefois le Mondial Cinéma. À voir aussi, une maison géométrique au 82. rue Claude Lorrain. Enfin, au 5, rue Franck : sa dernière construction. Les deux maisons mitoyennes sont aussi signées Pagnerre.

 

PAGNERRE Coupures de presse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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