Brillantes briques contre
noiret tristounet

 

Entreprises

 

Ne cherchez pas le mot noiret dans un dictionnaire classique. Vous ne le trouverez pas. C'est un terme ch'ti désignant la poussière noire et grasse crachée par les cheminées des usines ou des locomotives à l'époque où le charbon était roi, au temps où les gueules noires étaient des seigneurs : mineurs rentrant dans leurs corons aux intérieurs d'une propreté légendaire.

 

Il n'en était malheureusement pas de même pour les extérieurs, du moins dans toutes les cités manufacturières du Nord avant la délocalisation des industries de main-d'œuvre. Ce que nous appelons aujourd'hui la pollution n'épargnait pas plus les imposantes maisons de maître que les humbles demeures des ouvriers, « alignées par souci d'égalité » comme le chantait Pierre Bachelet.

 

Le château Vaissier était surnommé Palais du Congo. Toute la décoration de stuc et de céramique était l'œuvre des Delgutte. Du vaste château, il ne reste que ce pavillon.

Les briques les plus pimpantes devenaient vite ternes et grisâtres. Ce matériau traditionnel de notre région où la pierre est plutôt rare, est né grâce à l'abondance des terrains argileux. Les briqueteries qui cuisent l'argile y sont donc nombreuses. Nous en avons eu plusieurs à Mons, soit provisoire comme celle destinée à la construction du Fort en 1880, soit plus durables comme l'entreprise Virnot dans le quartier de La Pilaterie ou encore celle du Bas de Mons, entre la future avenue du maréchal Leclerc et la rue de Lannoy. Contre ce noiret sombre et collant, des architectes et d'autres professionnels du bâtiment ont imaginé d'illuminer les murs d'ornements vernissés aux couleurs vives et chatoyantes. Aucune suie, même la plus gluante, ne pouvait tenir sur la faïence ou la céramique.

 

 

De Pagnerre à Delgutte

L'événement et les animations autour de l'architecte Gabriel Pagnerre ayant rencontré un franc succès lors des Journées du Patrimoine 2005, notre association a choisi, pour les Journées 2006, de décliner un aspect plus particulier de notre paysage urbain : l'ornementation et la céramique autour des Delgutte. Nous y proposerons gratuitement aux Monsois et autres métropolitains - voire aux amis belges qui nous ont aidés à enrichir nos connaissances - de visiter l'exposition dans la salle des fêtes, du Fort de Mons en Baroeul, du 1 3 au 1 7 septembre 2006. Deux conférences dont une par Gilles Maury, professeur à l'école régionale d'architecture à Villeneuve d'Ascq et spécialiste du Palais du Congo à Tourcoing, viendront compléter cet ensemble.

 

Au 43 boulevard du Maréchal Leclerc à Mons en Barœul,on peut admirer cette mosaïque provenant d'une ancienne pharmacie roubaisienne.

 

 

Pourquoi Delgutte

 

Parce que Désiré Delgutte et ses deux fils Georges et René étaient des entrepreneurs-artistes-artisans qui, de 1876 jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont conçu, fabriqué, fait poser d'innombrables éléments décoratifs à base de céramique ou de stuc, à l'extérieur ou dans les immeubles où ils travaillaient tel le Palais du Congo. Leur atelier a été longtemps installé au 197 rue Jean Jacques Rousseau à Mons en Barœul.

 

 

Pourquoi «autour des Delgutte»?

Toute cette ornementation colorée des constructions Art Nouveau et Art Déco a fait naître une floraison d'artisans-artistes œuvrant avec les architectes. Nous sommes loin de savoir toujours de qui est telle ou telle fresque. Même une modeste inscription en céramique peut avoir du cachet. Aidez-nous ! Si vous avez chez vous (ou si vous connaissez) des petites merveilles en céramique ou en stuc, n'hésitez pas à nous le faire savoir. Le thème des Journées du Patrimoine 2006 est « la terre et le feu ».

 

En voyant ces deux colombes, on pourrait penser à "l'amour tendre" célébré par La fontaine. Celles-ci illuminent l'autel de l'Église de l'Immaculée Conception à Wez-Macquart.

Si des potiers, des céramistes, des sculpteurs... veulent montrer bénévolement leurs techniques et leurs réalisations aux visiteurs, ils seront évidemment les bienvenus car le patrimoine est un trésor qu'il nous faut préserver mais aussi construire au fil du temps.

 

Caudron JM

 

 

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