Architecte de chez nous

 

libérales

 

L'Association historique de Mons-en-Barœul projette une exposition "Autour de Gabriel PAGNERRE" dont l'inauguration est prévue aux Journées du Patrimoine les 17 et 18 septembre 2005. Tout ce qui peut enrichir cette manifestation que nous souhaitons multi associative sera le bienvenu.

 

 

Eugène-Gabriel Pagnerre, parlant du style flamand en 1928, critique une fusion d'éléments exotiques qui n'auraient rien à voir ni avec le caractère du pays, ni avec la tradition primitive, et vante le charme de la ligne pure, de la ligne originale qui était à la base de l'art nordiste.

 

Né en 1874 à Petite-Synthe, il était fils d'un négociant qui créa à La Madeleine un cabi­net d'architecte transféré à Mons en Barœul vers 1900 (à l'époque n'importe qui pouvait s'installer architecte). Tout naturellement Gabriel travaille avec son père, Lucien. Il se marie en 1905 et construit son propre cabinet au "Vert Cottage", 4 bis, rue du Quesnelet en 1911. Après les quatre ans de guerre, il revient à Mons où il restera jusqu'en 1922. Il décède à Lille en 1938.

 

Le style néo-flamand

 

La maison unifamiliale est une des constantes de l'architecture du Nord de la France. À la fin du XIXe siècle, un réper­toire spécifique de citations est utilisé, créant une voie moyenne entre le Gothique tardif, la Renaissance, la brique et la pierre, et certains éléments de l'archi­tecture rurale. Cet esprit pittoresque se fond ensuite, dès avant 1914, à la tradition régionale pour constituer le style néo-fla­mand développé d'abord dans les édifices publics puis très en faveur chez les petits propriétaires. À titre d'exemple, les travaux de la Nouvelle Bourse de Lille ont débuté en 1910 (architecte Louis-Marie Cordonnier).

 

Le néo-flamand, mêlé souvent à des éléments de l'art nouveau géométrique, devient le signal de reconnaissance des classes moyennes, nouvellement installées dans les faubourgs. La Madeleine et Lambersart en sont les deux exemples les plus marquants. À proximité du pont du Lion d'Or, de part et d'autre de la limite de Lille et de Mons-en-Barœul, tout un ensemble urbain a été réalisé par Pagnerre.

 

 

 

La villa portant le nom de « Vert Cottage », rue du Quesnelet, est volontiers considérée comme le chef-d'œuvre de Gabriel Pagnerre.

 

 

De belles maisons

 

Dans ces nouveaux quartiers résidentiels, les maisons sont mitoyennes et à deux étages. Elles comportent deux travées d'in­égales largeurs : la plus étroite pour l'en­trée, l'escalier et les couloirs - la cuisine est souvent au fond - l'autre pour le salon, les pièces de séjour au rez-de-chaussée et aux étages les chambres. Si elles sont toutes construites sur une même trame, le fait de réaliser un ensemble dans une rue nouvel­le permet de travailler sur les façades pour rompre la monotonie. C'est une époque où on se soucie beaucoup de l'apparence extérieure.

 

Pagnerre a su habilement jouer dans cet exercice : les ouvertures ont des formes dif­férentes, leurs menuiseries varient. Les élé­ments diversifiés se retrouvent et se répondent en donnant à l'ensemble une impression de symétrie. Les matériaux sont traditionnels. La brique bien sûr mais de teintes diverses avec des éléments de décor : briques vernissées, enduits, grès, céramique et ferronnerie. Il convient d'apprécier la qualité des maté­riaux mais aussi la remarquable mise en œuvre par les diverses entreprises locales qu'il serait intéressant de retrouver. N'ayant pas été élève d'une école d'archi­tecture, Pagnerre n'a pas planché sur les différents styles antiques et classiques. Son œuvre est intuitive. Il a trouvé ses sources en Angleterre puisqu'il y faisait de fréquents voyages.

 

Restent sur ses maisons à Mons en Barœul les plaques émaillées portant son nom. Il a pu se permettre de signer ses œuvres. Ces petites plaques n'ont pas été une mode qui serait passée. Considérées comme une forme de publicité, le code de déontologie de l'Ordre des Architectes en a fait disparaître l'usage. On peut se poser la question : combien d'autres que Pagnerre ont réalisé à Mons en Barœul des œuvres dignes d'être remarquées et n'ont pas pu les signer? Levons les yeux dans nos rues et pensons-y.

 

Caudron JM

 

 

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