Yves Vansoeterstede, de Quimper, donne d'intéressantes
précisions sur la « guerre éclair »
de 1940 à Mons : « J'ai habité au n° 30 de
la rue Pasteur de 1930 à 1954, avec une interruption de 1944
à 1949 ... C'est avec un plaisir immense que j'ai lu (votre)
livre... Outre les compliments que je vous adresse pour ce travail
« de mémoire », comme on dit aujourd'hui, je
désire apporter un témoignage quant aux
événements du mardi 28 mai 1940 (et non du 26 comme
mentionné).
« J'avais 16 ans à l'époque, et ce
jour-là, à 8 h du matin, je me trouvais à
l'angle des rues Pasteur et Daubresse-Mauviez* en compagnie d'une
dame que je connaissais sous le nom de "Mademoiselle Élise
". Je n'en sais pas plus à son sujet, mais elle habitait
l'une des maisons proches du carrefour. L'épicerie du coin
était devenue un magasin des Nouvelles Épiceries du
Nord - N.E.N. Nous étions seuls, quand des avions Stukas
sont apparus dans l'axe de la rue de la Pépinière et,
toutes sirènes hurlantes, ont piqué. Mlle
Élise m'a proposé de me mettre à l'abri chez
elle, mais j'ai préféré rejoindre mon domicile
où m'attendait mon père. J'y arrivais quand les
bombes sont tombées, provoquant une fumée noire
jusque chez nous. Bien m'en a pris car le coin de la rue a
été pulvérisé et Mlle Élise y a
laissé sa vie.»
« Les Stukas, une dizaine en tout, autant qu'il m'en
souvienne, s'étaient divisés en deux groupes, l'un
ayant pour objectif l'angle de la rue Pasteur, et l'autre celui de
la rue Franklin. L'un de mes camarades, André Thieffry,
habitait au 44 de cette rue, et un morceau de rail de tramway et
son socle de béton avaient été projetés
dans son jardin. « Tout ceci pour dire que ces
évènements se sont produits le 28 mai, et non le 26,
et que ce fut par bombardement aérien, et non par tir
d'artillerie ». Jacques Cauwel, autre adhérent,
précise que ce bombardement « a rasé deux
maisons rue Pasteur » (trois selon une autre source) :
« le commerce à l'angle de la rue et la maison
particulière contiguë, appartenant à M. et Mme
Berest (propriétaires mais non occupants). »
Les plus gros dégâts ont eu lieu rue
Daubresse-Mauviez, à hauteur de la rue Franklin où le
café d'angle, le « château » Courtecuisse
qui l'avoisinait à gauche et la boulangerie en face ont
été détruits, ainsi qu'une partie de
l'ancienne poste. Il y aurait eu sept ou huit tués.
Cinq figurent dans le registre des décès de 1940,
tous décédés à 8 h 05,
déclarés par le garde-champêtre Gustave
Dhalluin et portant la mention « Mort pour la France »
depuis 1946. Ces noms figurent sur le monument aux morts parmi les
dix-sept « victimes civiles » monsoises de la guerre
1939-1945.
Les voici : Marie Verhille-Sageart, 56 ans, tenancière
du café, Félicité Caron-Delmer, 47 ans,
domiciliée 6 pavillon Bel-Air, Jérôme Deswarte,
63 ans, journalier, 9 rue du Châlet, Louise Lamour, 46 ans,
et sa fille Raymonde, 10 ans, 5 rue Franklin. Pas de mention de
« Mlle Élise » mais il arrivait que des corps
restent ensevelis sous les décombres, les
décès ne pouvant être enregistrés. Une
attaque de Stukas, à la même époque, a
détruit une maison dans la rue Jean Jaurès (à
côté du commerce actuel de légumes), pour
neutraliser une batterie de canons installée dans les
jardins. D'autres bombes seraient alors tombées rue Mirabeau
et au bout de l'avenue de la Sablière,
détériorant une maison du pharmacien Paul Parsy. *
Aujourd'hui rue du Général de Gaulle.