Un peu d'histoire sur l'origine
de cette mission des missionnaires Oblats
de la rue du Baoeul.
Cette congrégation fut fondée par un religieux.
Le Père Charles-Joseph-Eugène de Mazenod, homme de
foi et de conviction, né le 1er août 1782 à
Aix-en-Provence, créa en 1816 «La
Société des Missionnaires de Provence». Nous
sommes encore loin de Mons-en Barœul, mais on y arrivera
d'ici peu. En 1826, le Pape Léon XII approuve cette
congrégation sous le nom encore utilisé de nos jours
: Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie
Immaculée. Cette dénomination est inscrite sur la
colonne située à l'entrée de la maison,
près de la sonnette.
L'expansion très rapide de cette mission a fait que les
Oblats essaimèrent aux quatre coins du monde, en Orient, en
Afrique, en Amérique, jusque dans l'extrême Nord dans
les Terres arctiques, et ce, en quelques années d'existence.
Le Père Mazenod décède le 21 mai 1861. Des
documents datés du 8 décembre 1937 soulignent qu'il y
avait dans le monde 5 462 membres dont 5 043 Oblats engagés
et 419 novices.
C'est le prêtre Oblat Léopold Lionnet qui eut
l'idée d'implanter cette fondation septentrionale
française au carrefour de trois grands centres que forment
les villes de Lille, Roubaix, Tourcoing. Le rapport du 14
août 1920 écrit par le Père Lionnet, explique
avec précision, les difficultés rencontrées
pour faire accepter auprès de l'administration provinciale
le projet d'une fondation qui lui semblait vouée à un
brillant avenir. Mais revenons à la chronologie de la
tâche.
Le 1er juin 1920, on lui accorda l'autorisation de
concrétiser le projet, mais il fallait trouver une maison
assez grande pour accueillir cette mission. C'est M. Salembier,
curé de Mons-en-Barœul qui l'aida à
réaliser ce dessein. Le Père Lionnet dit dans son
rapport : «Sur ses indications, il me fut permis de visiter
la propriété qui resta vite à mes yeux
l'idéal recherché : situation unique au point de
jonction des villes de Tourcoing, Lille, Roubaix... campagne et
ville tout à la fois. La maison est bien bâtie, bien
distribuée, convenablement aménagée dans ce
qu'il y a de plus moderne... potager, deux grands vergers,
pâture à même d'alimenter un futur
bétail, un poulailler, des dépendances et
écuries parfaitement intégrées». Le 30
juin 1920, les clefs de la villa «Les Glycines»
située au 65 de la rue du Barœul, passèrent de
la poche du gardien des lieux aux Oblats.
Ci-dessus le Père Lionnet photographié devant la
villa «Les Glycines» en 1920, à l'époque
de l'acquisition
Durant la période de la première guerre mondiale,
la villa «Les Glycines» a été
occupée tant par les troupes alliées que par les
«envahisseurs», ainsi que par de pauvres hères
en quête d'un toit. Tout ce qui pouvait être
récupéré l'a été. C'est dire
l'état dans lequel se trouvait l'habitation. Tout
était à refaire : la toiture, les fenêtres, le
chauffage central... certains tuyaux de gaz d'éclairage
avaient même été arrachés,
c'était la désolation. L'acharnement de nombreux
bénévoles a permis, ô miracle, la remise en
état de cette demeure.
Voilà résumée en quelque sorte la
situation de l'époque. D'une part, une volonté de
trouver une habitation proche des villes et des centres
industriels, d'autre part, un lieu assez vaste pour vivre le plus
possible en autarcie. N'oublions pas que la séparation des
biens des Églises et de l'État remonte à
quinze ans auparavant et que pour subsister, il faut produire.
La propriété visible aujourd'hui n'a pas
énormément changé : le calme et la
quiétude des lieux ont été
préservés, seule la perspective du vaste potager
manque. L'ensemble de l'habitation et de ses dépendances ont
gardé leur cachet.
Sur le fronton de la maison «Notre Dame de Lourdes»
a remplacé «Les Glycines» ; le 65 de la rue du
Barœul est devenu le 49 ; quant au téléphone,
il est passé du numéro «5» avec
opératrice, au numéro actuel à 10 chiffres
(accompagné d'un n° de fax).
La grotte, placée à l'entrée, à
gauche de l'habitation, contribue à renforcer le sentiment
que nous sommes dans un site religieux. Elle fut
érigée en 1935 par Messieurs Bruneel et Eugène
Graenicher. Une photographie fut prise par ce dernier à la
fin de sa construction. Elle est, dans une forme réduite,
une réplique de la célèbre grotte de
Lourdes.
Ci-dessus, M.M. Bruneel, maçon à gauche, et
Eugène Graenicher les constructeurs, en 1935, de la
réplique de la grotte de Lourdes dans la maison des Oblats
à Mons-en-Barœul.
Une fontaine placée à gauche de la grotte invite
à se désaltérer, si la soif se fait sentir. Le
robinet, placé à ras du sol, rend tout de même
la manœuvre périlleuse. Une petite chapelle,
contiguë à l'habitation, est accessible au public pour
y prier. Elle invite, sans qu'il soit besoin de le souligner,
à pénétrer dans un espace de recueillement
propre à tout lieu consacré. Derrière
celle-ci, un autre espace de rencontre la prolonge.
La maison, lieu d'habitation des Pères ou des
Frères, suivant l'engagement religieux qu'ils ont choisi, a
été adaptée pour l'usage des résidents.
En effet, huit à dix petits studios contribuent à la
bonne harmonie de vie de chacun des membres.
Au premier étage, un peu à l'écart, une
vaste bibliothèque permet à chacun de trouver le
calme nécessaire à la méditation et à
la recherche. Un ascenseur nous y conduit, seul
élément moderne apporté à cette maison.
Ainsi peut-elle accueillir des invités de tout
âge.
Lors de notre première visite, nous fûmes surpris
d'apprendre que les marquises décorant les fenêtres
étaient toutes remplacées à l'identique.
L'habitation aurait été bâtie à la
fin du XIXème siècle par un tonnelier.
L'étendue des terrains couvrait le lotissement de
l'allée Paul Gauguin (jardins devant et derrière
compris) ainsi que le parc du Baroeul.
Nul ne sait pourquoi cette magnifique maison fut vendue aussi
rapidement, quelques années seulement après sa
construction. L'abbé Lionnet, dans son rapport, souligne que
«la propriétaire» fut avertie, après coup
que l'on négociait la vente de son habitation...Tout laisse
à penser que ladite propriétaire n'habitait pas sur
place ni à proximité, vu l'état de
délabrement de la maison décrit par l'abbé. La
description assez précise qu'il en fait lors de
l'état des lieux signale «que la maison était
inutilisable après les dégâts
occasionnés durant la guerre, tant par les troupes
alliées qu'ennemies et pour clore... des
évacués de fortune ; tous y laissèrent
l'empreinte de leur savoir-faire en matière de rapines et de
démolitions»... ajoute l'abbé Léopold
Lionnet.
Pourtant, beaucoup d'éléments contribuaient
à la qualité de l'ensemble, ne fût-ce qu'un
circuit de rails permettant de transporter le fumier de
l'écurie (placée à l'arrière gauche du
bâtiment) jusqu'au bout du jardin et d'éviter de ce
fait l'emploi d'un chariot ou de brouettes dont les roues
s'embourbaient facilement dès que le sol s'humidifiait ou se
gorgeait d'eau.
La grande taille de ce jardin, additionnée du
savoir-faire remarquable des Frères, permettait de vivre en
autarcie. De nombreux monsois se souviennent d'y être
allés chercher quelques fruits, des légumes, du miel
jusque dans les années 1980. L'humble rédacteur que
je suis, vous le confirme.
Cette propriété s'étendait sur 10 912 ares
; les serres avaient une longueur de quinze mètres et
avoisinaient des poulaillers de trente mètres de long sur
huit mètres de large, c'est dire que la
générosité des surfaces permettait un bon
rendement.
Le Père Laillé, dernier Père qui eut en
charge l'ensemble du jardin avant que celui-ci ne soit vendu en
1984, a montré à quelques privilégiés
qui avaient la chance de le connaître, son étonnante
maîtrise et son habileté dans l'art de cultiver un
potager. On cheminait entre les massifs colorés et odorants,
on assistait à l'extraction du miel dans sa centrifugeuse
faite «maison» ; il sélectionnait et gardait une
grande partie de ses graines tant potagères que florales
pour subvenir aux besoins du prochain printemps.
Maintenant que nous avons fait le tour du propriétaire,
revenons à la grotte, élément important de la
mission de la rue du Barœul.
Pour son financement, il fut créé une association
dite : L'Écho de «LA GROTTE» de
Mons-en-Barœul. Ses publications consistaient en un Bulletin
mensuel des «AMIS DE LA GROTTE» et un Journal des
Pèlerins. Il est écrit en tête de ce bulletin :
«Maison des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée,
65 Rue du Baroaul. Tram F de Lille, arrêt au Trocadéro
de Mons ; de Roubaix, arrêt à la Brasserie
Coopérative». Pour reprendre la chronologie
publiée dans ce premier numéro édité en
janvier 1938, c'est-à-dire plus de 20 mois après
l'édification de la grotte, le Père Champion, son
premier rédacteur, souligne que l'association n'a que 15
mois d'existence et compte plus de 2 000 adhérents. La
cotisation annuelle était modeste : «au moins 2
Francs». Financièrement, c'est sous la forme
d'abonnements à la revue et de dons qu'il fut permis de
rembourser la dette de la construction. La grotte était
éclairée électriquement et l'on pouvait offrir
une heure ou plus d'éclairement suivant le montant de
l'obole.
Avant de clore cet article sur la mission des Oblats de Marie,
nous tenons à remercier le Père Jean-Marie
Colière et le Frère Bertrand pour leur
générosité. Ils nous ont confié des
documents, des plans, des photographies. Nous leur sommes
particulièrement reconnaissants de leur accueil et du temps
qu'ils nous ont consacré pour nous fournir toutes ces
informations relatives à leur Congrégation.
Texte de gérard prouvost
photographies de jacques desbarbieux
et collections privées association historique de
mons-en-barœul
avril et juillet 2005