Malgré la rigueur des conditions de travail en ce
temps-là, malgré la longueur des journées
passées à l'atelier ou aux champs, on voit fleurir
dès la seconde moitié du XIXème siècle,
à Mons-en-Baroeul, un grand nombre d'associations. De 1844
à 1900, on dénombre au moins dix-sept
créations de sociétés aux activités
très variées.
Secours mutuel
Parmi les plus anciennes figurent deux sociétés
de bienfaisance, ancêtres de notre actuelle
Sécurité Sociale. La société de
Saint-Pierre, créée en 1844, et la
société de Saint-Joseph, apparue en 1857, ont pour
objet le secours mutuel. Ces deux organisations, non
confessionnelles en dépit de leur nom, ont été
autorisées par le préfet du Nord après que le
maire lui eût adressé un dossier avec avis
favorable.
La naissance de la société de Saint-Joseph fut
l'occasion d'une série d'escarmouches administratives avec
le préfet. Les premiers statuts sont envoyés à
Napoléon III, via le préfet, par le maire
Désiré Becquet le 31 août 1855. Louis Legrand,
cultivateur connu pour ses "principes dévoués au
Gouvernement", doit en être le président. On peut
supposer que le dossier dort deux ans en préfecture puisque
le 21 mars 1857, le nouveau maire, Louis Defrenne, adresse au
préfet un autre courrier au sujet de cette création.
Il y évoque les maladresses de son
prédécesseur, notamment les pertes de documents entre
1844 et 1855, "les fautes de français et d'orthographe", et
semble ne pas douter que sa demande à lui sera bien
accueillie. Il n'est plus question de Louis Legrand, initiateur du
projet, mais d'Alexandre Bonnet, employé de commerce, comme
président, et de Louis Mullier, tisserand, comme
vice-président.
La réponse du préfet est cinglante : il y notifie
que les statuts s'écartent beaucoup trop des bornes
prévues par le décret impérial de 1852, qu'une
société de bienfaisance n'est pas une
"société de cabaret" et que la nomination du
président est réservée à l'Empereur.
Toutefois, comme il joint à son courrier des documents
utiles pour la rédaction de nouveaux statuts, la
société de Saint-Joseph peut enfin fonctionner. Le
premier président en est Alexandre Bonnet, nommé le
11 mars 1858 par décret de Napoléon III.
Les sociétaires secourus reçoivent au
début une indemnité journalière de 1 franc 25
à 1 franc 50 par jour mais ils sont tenus au respect d'un
règlement très strict en cas de maladie : ne pas
s'éloigner de plus de mille cinq cents mètres de leur
domicile, ne pas fréquenter le cabaret... Tout manquement
à ces obligations entraîne une amende, voire la
radiation en cas de récidive. La rigueur de ces statuts
laisse-t-elle entendre que les tricheurs risquent d'être
nombreux si l'on n'y prend garde ? On ne sait pas dans quelle
mesure les contrevenants étaient dénoncés au
président, mais on peut supposer que les accrocs à la
règle furent assez nombreux pour pousser à la
rédaction d'un avenant prévoyant une sanction en cas
de fraude.
Les ressources de ces sociétés proviennent
essentiellement des cotisations versées par leurs membres :
soixante-dix-huit pour la société de Saint-Joseph et
cent pour la société de Saint-Pierre. Ceux-ci
appartiennent pour beaucoup à la classe ouvrière. Les
comptes sont équilibrés malgré certains
surcroîts de dépenses comme celles dues au
choléra en 1849. La société de Saint-Joseph
reçoit parfois des subventions de l'Etat (800 francs en
1859) ; il ne semble pas qu'il en soit de même pour la
société de Saint-Pierre qui avoue un capital de 25
francs en 1851... Elles secourent respectivement, en moyenne
annuelle, quarante-trois personnes pour Saint-Pierre et trente-huit
pour Saint-Joseph. Ce secours, compte tenu du fait que les
sociétaires ainsi aidés sont chefs de famille,
souvent nombreuse alors, n'est pas négligeable. D'autres
projets de lancement de sociétés du même type
sont ébauchés vers la fin du XIXème
siècle sans être concrétisés.
L'existence des sociétés de Saint-Pierre et de
Saint-Joseph n'est plus mentionnée dans l'annuaire
Ravet-Anceau de 1928.
Amicales
Une quinzaine de sociétés amicales monsoises ont
déposé des statuts en préfecture au
XIXème siècle. Ce nombre est important si l'on songe
à la population de l'époque : 1 868 habitants en
1866, et 4 026 en 1902. Il dénote chez les Monsois un
réel appétit pour la vie sociale et les loisirs en
tous genres, voire un certain esprit de solidarité. Outre le
besoin de partager une passion commune, on trouve dans les statuts
de ces associations des devises éloquentes : "Amitié,
concorde et fraternité" chez les Archers du Ramponneau,
"Amitié et concorde" chez les sociétaires de la Saint
Georges qui pratiquent le jeu de l'arbalète. Pour les "Amis
Bons Coeurs", jouant de la sarbacane ou "soufflette", le nom choisi
parle de lui-même. Les "Tape-Dur", société de
bouchers, organisent chaque hiver "des soirées vocales et
instrumentales au profit des pauvres", et les Carabiniers de Mons,
anciens militaires qui tirent à l'arme de guerre, ont une
devise latine : "Utile dulci" (littéralement de
l'utilité de la douceur).
Aux vibrants désirs de bonne entente, il faut cependant
opposer la sévérité de la plupart des statuts.
Ainsi, il est prévu à la Saint Georges qu'un
adhérent n'ayant pas payé sa cotisation annuelle
perdrait son arme, laquelle serait vendue au bénéfice
de l'association. Chez les joueurs de boules, le sociétaire
qui aurait l'audace d'amener une femme à une réunion
devrait payer 20 centimes d'amende. Si on joue beaucoup, on le
voit, c'est entre hommes et on ne badine pas avec le
règlement.
A ces regroupements destinés à l'exercice d'un
jeu d'adresse ou d'un goût partagé comme la
colombophilie, il faut ajouter une société de
gymnastique appelée l'Avenir, une Amicale des anciens
élèves de l'Ecole de Mons-en-Baroeul et un Cercle
Républicain, plus politique, qui prend tout naturellement
pour devise "Liberté, Egalité, Fraternité".
Celle-ci démontre une volonté d'encourager la
citoyenneté et la solidarité.
Ces associations dont le siège social est souvent un
estaminet comptent généralement vingt à
cinquante adhérents qui se réunissent le dimanche.
Mais certaines ont eu des ambitions plus larges : ainsi le nombre
maximum des membres du Cercle Républicain était
fixé à deux cent cinquante, sans qu'on sache si cette
limite fut atteinte.
Les sociétés musicales, bien
représentées dès cette époque,
méritent une attention particulière. Outre le Cercle
de Mons qui rassemble une cinquantaine d'habitants aisés de
la commune et qui crée en son sein une section chorale, il
faut parler, bien sûr, des deux fanfares et des
péripéties de leur création. Dès avant
1855, Désiré Becquet demande au préfet la
création d'une société musicale à Mons.
Mais dans la liste des futurs participants figure le nom de
Léon Becquet, un des "provocateurs des folles menées"
ayant causé la dissolution de la société
musicale de Fives. De peur que ne renaisse à Mons la Fanfare
indésirable déjà dissoute à Fives, le
préfet méfiant refuse son autorisation à deux
reprises en 1855.
Le projet aboutit enfin en 1879, à la demande du maire
Alexandre Delemar : la Fanfare Saint-Pierre, présidée
par L. Delebarre, est née. Elle compte quarante
exécutants. La même année,
décidément riche en initiatives, voit se créer
une autre société musicale : la Fanfare de
Mons-en-Baroeul. Présidée par un certain Dumont,
celle-ci annonce cinquante exécutants, mais on n'en trouve
plus aucune trace par la suite. En fait, la Fanfare Saint-Pierre
fut à l'origine de l'actuelle Harmonie municipale,
même si la phalange musicale a renoncé rapidement au
vocable du saint patron de la commune. Dès la fin du
XIXème siècle et pendant longtemps, elle s'appelle
tout simplement Fanfare. Elle accompagne volontiers les
manifestations monsoises, y compris les processions religieuses.
C'est seulement en 1935 qu'elle prend le nom d'Harmonie de
Mons-en-Barœul. Une réforme des statuts en fera l'
"Harmonie municipale" à partir de 1970.
En somme, les Monsois de jadis ont joué abondamment, et
très sérieusement, de la musique au tir à
l'arc en passant par les "bourles" qui demandaient un "terrain
incurvé sur lequel on lançait des disques de bois",
explique Guy Dubois dans L'b...a...ba du patois chez nous. Quant
aux Monsoises, il n'était pas question qu'elles en soient !
C'était impensable au XIXème siècle. Et
pourtant, ce sont bien les épouses qui, le plus souvent,
tenaient les estaminets !
"L'Harmonie, doyenne des Monsoises"
Ce poème de Jean-Marie Dujardin, Ballade pour un
anniversaire, a été rédigé en 1988,
à l'occasion des fêtes du cent dixième
anniversaire de l'Harmonie municipale dont il fut longtemps
président.
Elle a cent dix années notre chère Harmonie,
Cent dix ans de service, de fêtes populaires,
De succès et de joies, et de péripéties,
De jeunesse et d'amour et de peines amères.
Cent dix ans de musique dans ce recoin de France
Pour égayer la vie, effacer les souffrances,
Cent dix années de route, avec des renaissances,
Qui dépassent l'épreuve du temps et de
l'absence.
Que serait notre vie, dépourvue de musique ?
Peut-on imaginer un tel état de chose ?
Qu'au royaume d'Euterpe, paradoxe tragique,
Règne la platitude, et que tout soit morose...
Non, il n'existe pas ce monde monocorde,
Nous le savons bien tous, et tous nous l'entendons,
La Musique est bien là, qui danse sur ses cordes,
Fait chanter bois et cuivres, et nous donne le ton.
Dès le commencement la Musique éternelle,
Comme l'air, l'eau, le feu, à l'homme fut donnée,
Pour élever son âme, très haut, à tire
d'aile,
Pour attendrir son coeur, et l'aider à aimer.
Cent dix années de vie pour l'Harmonie de Mons !
Musiciens, amoureux de Musique populaire,
Qu'entre nous, d'harmonie... ne manque pas une once,
Pour dire à l'Harmonie "Joyeux anniversaire".
Jean-Marie DUJARDIN
Les sociétés de 1862 à 1900
Archers du Ramponneau, 1862, au cabaret " A la Verte Vue", rue
de Roubaix.
La Saint Georges, 1863, jeu d'arbalète, à l'enseigne
du "Tape-Autour".
Le Jeu de boules, 1866.
Société des Bourleux ou du "Tape-Autour", 1872.
Les Amis Bons Coeurs, jeu de sarbacane.
Fanfare Saint-Pierre, 26 juin 1879.
Fanfare de Mons-en-Barœul, 3 novembre 1879.
Cercle Républicain de Mons-en-Barœul, 1881, à
l'estaminet du Petit Saint-Pierre.
L'Avenir, 1882, amateurs de pigeons voyageurs.
Société des Archers de l'Estaminet de la Bascule,
1882.
Société des "Tape-Dur", bouchers, vers 1890,
estaminet du Drapeau National.
Société de Bouchons "l'Espérance", 1893.
Association amicale des Anciens Elèves de l'Ecole de
Mons-en-Baroeul, 1893, siège social à
l'école.
Carabiniers de Mons-en-Barœul, 1900, société de
tir.
Cercle de Mons-en-Barœul, 1900, avec section chorale en
1901.
Les associations en 1927
L'annuaire Ravet-Anceau pour 1928 donne la liste suivante
des associations monsoises :
Fanfare de Mons-en-Barœul, président Jules Tiers,
chef Alphonse Massart.
Société des Anciens Combattants, siège "Au
Grand Saint-Pierre", 134 rue Daubresse-Mauviez.
Cercle de Mons-en-Barœul, président Charles
Pottier.
Amicale laïque, siège Café de la Mairie, 106 rue
Daubresse-Mauviez.
Cercle des Carabiniers, président A. Flotat.
La Fraternelle Saint-Eloi, société de gymnastique
fondée en 1920, préparation militaire, section
dramatique, tambours et clairons, rue Florimond Delemer. Terrain de
jeux Fort de Mons.
Sporting Club Fivois, vestiaire 48, rue Alexandre Delemar. Terrain
de jeux parc Virnot.
Club Athlétique des Sports Généraux, terrain
de jeux stade Jean-Bouin, parc Virnot.
Société canine de Mons-en-Barœul, café
de la Guinguette, 17 rue Corneille.
Maison de Famille de Mons-en-Barœul, 3 rue
Daubresse-Mauviez.
Sont en outre subventionnés par la ville :
Comité des fêtes du quartier des Guinguettes, des
rues de Lannoy et Corneille (1923).
Association des chefs de familles nombreuses, président
Pierre Valdelièvre (1925).
Comité des fêtes du Bas-quartier (1926).
L'Avenir colombophile (1934).
Œuvres sociales entre les deux guerres :
Secrétariat populaire, en mairie (1925)
Caisse ouvrière de Mons-en-Barœul, président
Charles Pottier (1926).
Action libérale, président Charles Pottier.
Syndicat agricole, président Emile Salembier (1927).
Société de secours mutuels "La Famille", section de
Mons-en-Barœul, à "l'Asile", place Fénelon
(1928).
Conférence de Saint Vincent de Paul, hommes,
président Louis Gras (1900).
Conférence de Saint Vincent de Paul, dames.
Organisations de jeunes
JOC, service de préparation au travail, 18 rue Florimond
Delemer (1932).
JOCF (1932).
Patronage Saint Pierre : Cercle des hommes et jeunes gens,
société de gymnastique, préparation militaire,
cercle d'études, foot-ball, basket-ball, etc. (1926).
Schola Sainte Cécile, jeunes filles, chant et
théâtre. Fusionne avec le Patronage Notre Dame de la
Treille ( (1927).
Ligue des Jeunes (1926).
Ouvroir Sainte Jeanne d'Arc, tenu par des religieuses dominicaines
(1931).
Musique et chant
Maîtrise paroissiale.
Symphonie du Cercle Saint Pierre (1931).
La Lyrique de Mons-en-Barœul, société de chant
(1932).
Autres œuvres catholiques
Union paroissiale, président Maurice Vandalle
(1926).
Fédération Nationale Catholique (1928)
Ligue féminine d'action catholique française,
présidente Mme Albert Virnot (1910).
Ligue Patriotique des Françaises, présidente Mme
Cousin-Fiévet (1926).
Amicale des anciens élèves de l'école Saint
Honoré, président Marcel Pinchon (1937).
LOC (1938)
Bibliothèque paroissiale (1904).