"Les Gais Compagnons", c'était un groupe vocal de 8
à 10 chanteurs ayant participé à de nombreuses
kermesses, fêtes locales ou paroissiales dans notre
région de 1949 à 1968.
L'initiative de sa création en revient à Michel
LERAT, monsois d'origine, né en 1932 dans une petite maison
de la cour Duwer située rue du Becquerel (dans le bas de
Mons).
Plus tard, il ira habiter au no 61 de cette même rue avec ses
parents.
Pour comprendre les motivations qui l'ont poussé
à créer ce groupe, il faut se replacer dans le
contexte particulier qui existait après la 2° guerre
mondiale.
L'état d'esprit général était de
rebâtir ce qui avait été détruit durant
ces 5 années de guerre, donc de travailler beaucoup, mais
aussi de distraire et de se distraire.
Des liens s'étaient créés dans la population
et, en particulier, parmi les jeunes. C'était le temps du
retour des chorales, du scoutisme, des coeurs vaillants et des
associations de toutes sortes.
Sur cette photo du début des années 50, on
reconnaît :
- en haut, de gauche à droite : Gérard Lemaire de
Fives, René Lebetre de Fives, Michel Lerat de Mons,
André Verduyn de Fives ;
- en bas, de gauche a droite : Jacques Lemaire de Fives, Michel
Devos de Mons, Gérard Gauthier de Fives, Claude Colen
d'Hellemmes, Henri Lampe de Mons.
Michel LERAT qui possède une belle voix de ténor,
fait partie très vite de la chorale dirigée par
l'abbé Roger Delsinne de la paroisse du Saint-Sacrement, rue
de Philadelphie à Fives. Il faut savoir que les habitants du
bas de Mons étaient alors rattachés à cette
paroisse.
Il reçoit là une formation musicale de
qualité. Puis le succès des "Compagnons de la
Chanson" en scène depuis 1946, lui donna l'idée de
créer son propre groupe de chanteurs.
(Les Compagnons de la Chanson existaient depuis 1941 mais sous le
nom de "Compagnons de la Musique").
Quelque temps après, ils sont six, 4 monsois : Michel Lerat
- Michel Lampe - Michel Devos - Marceau Devos, et 2 fivois :
Jacques Lemaire et Gérard Lemaire à apprendre et
à chanter le répertoire de l'époque des
"Compagnons de la Chanson".
Michel LERAT sera tout naturellement le Fred Mella de cette petite
troupe. Ils seront fidèles à ce répertoire
jusqu'à la fin de cette belle entreprise.
Le groupe se trouve un nom dans l'urgence
L'appellation de "Gais Compagnons" fut décidée
lors d'un concours de chanteurs amateurs qui s'était
déroulé au "Café Jean" à Lille. Pour
les nommer, il leur fallait trouver un nom, chose à laquelle
personne n'avait pensé. C'est sur la proposition de l'un
d'entre eux que le choix s'arrêta.
C'est alors que commence véritablement leur histoire.
Des répétitions ont lieu deux fois par semaine,
d'abord dans la salle des Chevaliers, rue de la Marbrerie à
Fives, puis ensuite au domicile de l'un des chanteurs, Michel
Lampe, rue Victor Hugo à Mons.
Il fallait créer des accords, apprendre toute une
gestuelle mimer les paroles... Plus tard, des guitares viendront
s'ajouter. Tout ceci fut possible grâce à un
formidable esprit de groupe. Ils formaient une équipe
soudée. Travailler, pour eux, était un plaisir. Peu
à peu, ils se feront connaître et ils seront de plus
en plus demandés. On les verra, entre autres, se produire
plusieurs fois au Théâtre Sébastopol à
Lille.
Puis vint le temps du service militaire pour la plupart d'entre
eux. La guerre d'Algérie débutait... Une pause fut
donc nécessaire, elle durera jusqu'au 1957. A leur retour,
les répétitions reprirent dans une salle de la
paroisse Jean Bosco, puis chez Robert Coupleux, rue de Rivoli
à Fives. Ils iront aussi travailler chez Michel Devos, rue
Voltaire à Mons.
A l'olympia avec Edith Piaf
Sur cette autre photo du début des années 60, on
reconnaît,
- en haut, de gauche à droite :
René Lebetre de Fives, Roger Van den Bos de Fives, Roger
Coupleux de Fives, Bernard Planque de Mons, Gérard Lemaire
de Fives ;
- en bas, de gauche à droite,
Yves Deconninck de Mons, Michel Dublicq d'Hellemmes, Michel Lerat
de Mons, Roger Deconninck de Mons, Gérard Deruyver de
Fives.
Bien d'autres chanteurs feront partie de ce groupe à un
moment ou à un autre. Il serait difficile de les citer tous.
Le 19/3/1958, on les verra à l'Olympia à Paris. Ce
sera pour eux l'occasion de rencontrer Edith Piaf et Pierre
Delanoë. Ils se produiront aussi au restaurant "Le Rouet"
à la foire commerciale de Lille pour le gala des Quarante
Nations (fête des ambassadeurs).
Au cours de sa carrière le groupe aura l'occasion de
rencontrer Dalida lors d'un gala donné à
l'Hôtel Royal à Lille, de même que les
Compagnons de la Chanson, très étonnés par la
qualité de leur prestation.
L'année 1968 voit la dissolution de leur groupe vocal,
la mode n'étant plus à ce genre musical. D'autres
jeunes avaient déjà pris la relève. Ils
deviendront plus tard "les sixties". Toute l'équipe s'est
alors recyclée en entrant dans les chœurs de
l'Opéra de Lille pour une petite décennie. Michel
Lerat, quant à lui, n'a jamais abandonné la musique.
Après ce passage à l'Opéra, il deviendra
animateur liturgique à la paroisse Jean Bosco de Mons et
à celle du Saint Sacrement à Fives où l'on
peut encore l'entendre chanter aux messes d'enterrement et aux
messes dominicales.
Dans le répertoire des chansons de ce groupe, on peut
citer : "Mes jeunes années", "Les trois cloches",
"C'était mon copain", "Le chant du galérien", "La
légende indienne", "La chanson du célibataire", "Le
jour où la pluie viendra", "Les comédiens", "La
mama", "Sur ma vie", etc. Plus surprenant, la chanson "Le jour
où la pluie viendra" fera partie de leur répertoire
avant celui des "Compagnons de la chanson" ; le texte leur avait
été donné par le compositeur Pierre
Delanoë. Cette chanson sera également
interprétée par Gilbert Bécaud et Dalida.
ASSOCIATION HISTORIQUE DE MONS-en-BAROEUL
Texte et illustrations de Christian DIDRY- octobre 2008