Quand on évoque l’atelier de céramique de
son grand-père René Delgutte, Annie Beaurenaud, sa
petite-fille monsoise, devient intarissable. Elle parle
d’abord de l’établissement installé
à Mons, rue Jean-Jacques Rousseau, dans un édifice
portant aujourd’hui le numéro 197. La
propriétaire actuelle de cette maison, Mme Flament, a mis en
valeur les vestiges de fresques qui ont échappé aux
tranformations successives. Elle nous a permis d’en prendre
des photos dont quelques-unes ont été publiée
"Mons et vous" du mois de juin 2003.
En 1876, Mons – qui n’était encore
qu’un village – avait vu naître un atelier de
céramique architecturale. Fondé par
Désiré Delgutte, il était installé rue
Jean-Jacques Rousseau, dans un édifice portant
aujourd’hui le numéro 197, où la façade
permet encore d’admirer de jolies fresques.
Désiré eut deux fils, et chacun cultiva sa
spécialité. Tandis que le père, qui mourut en
1912, restait céramiste, Georges se fit sculpteur et
René développa sa réputation de stucateur.
L’entreprise artisanale ferma définitivement ses
portes lors de la déclaration de guerre de 1939. Elle
employait alors une dizaine de salariés, parmi lesquels
Clotaire Dumont et Émile Daerden. Ces familles sont toujours
représentées dans le secteur. A Mons même, une
petite-fille de René conserve avec amour un carreau de
céramique, vestige du goût et de
l’habileté du grand-père.
Diverses réalisations prestigieuses ont porté
loin la renommée des ateliers Delgutte. Ainsi, le
célèbre architecte Victor Laloux, auteur de la gare
d’Orsay et de l’hôtel de ville de Roubaix,
demanda une cheminée monumentale à
l’équipe monsoise pour la Bourse de commerce de cette
ville, au début du XXe siècle. René
vécut quelque temps en Afrique du Nord et réalisa,
comme le rappelle le livre Mons-en-Barœul, du village
à la ville, la décoration de la poste d’Alger
ainsi que d’une banque de la capitale algérienne.
Les Delgutte ont surtout pris part à l’agencement
intérieur de nombreuses églises, soit neuves, soit
dévastées au cours de la Première Guerre
mondiale. Leur plus beau fleuron est sans doute la médaille
d’or obtenue lors de l’Exposition internationale de
Roubaix en 1911. Celle-ci, dédiée principalement au
textile, s’était élargie à
d’autres activités et même aux divertissements
puisqu’un Luna Park avait trouvé place, pour la
circonstance, au cœur du parc Barbieux.
Les décorateurs, aujourd’hui, utilisent
l’ordinateur pour concevoir des matériaux de plus en
plus beaux, de mieux en mieux adaptés. Merci aux stucateurs
d’hier qui leur ont préparé la voie.