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Malgré le vieil adage « Mieux vaut s'adresser au Bon Dieu qu'à ses saints » une vieille tradition chrétienne a encouragé, jusqu'à une époque récente, la construction d'oratoires où les fidèles priaient de nombreux hôtes du Paradis. Nos trois chapelles monsoises sont bien dans la ligne de ces dévotions.
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Une appellation triomphante pour ce discret oratoire inséré dans une maison de 1905, au 251 rue du Général de Gaulle. La porte vitrée en bois, derrière une épaisse grille métallique, abrite la niche où l'on voit un enfant Jésus aux pieds posés sur un globe terrestre, des statuettes accumulées par les habitants des lieux, deux petits vases fabriqués dans des douilles d'obus, et l'inscription tutélaire : « Notre Dame des Victoires, P.P.N. » (Priez Pour Nous).
Dans les années trente, la procession du 15 août s'y arrêtait et l'on chantait le « Magnificat ». Aujourd'hui encore, des gens de passage font halte et se recueillent. Le locataire actuel, quand il est arrivé en 1976, a souhaité conserver cette chapelle que le propriétaire pensait détruire. Il l'entretient soigneusement avec sa femme et illumine ses images pieuses au moment de Noël. Le vieux tronc d'origine ne sert qu'à recueillir les allumettes utilisées pour les bougies.
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Rue de Paris, un superbe saule ombrageait la chapelle. Planté en 1951 par Pierre Détrez, qui naquit à l'angle de la rue SprietTellier, il a récemment été abattu.
Édifiée juste après la Deuxième Guerre mondiale, vers 1945, celle-ci est de dimensions un peu moins modestes. Haute de 5 m 50 et large de 1 m 80, c'est la réalisation d'un voeu des riverains qui avaient promis de dédier un oratoire à Marie s'ils échappaient aux bombardements intenses qui pilonnaient, dans les environs, la voie ferrée. Mme Germaine Verhaeghe, personne très dynamique malgré l'amputation du bras à la suite d'un accident de tramway « elle avait voulu le prendre en marche » prit l'initiative de la souscription.
L'entretien de la chapelle fut assuré longtemps par Mlle Gaussen qui résidait à l'étage, juste en face. Cette amoureuse des bêtes avait laissé la jouissance du rez-de-chaussée de sa maison aux nombreux chats qu'elle hébergeait et faisait très attention de ne pas écraser les escargots lorsqu'elle circulait à vélo sur le chemin de terre tout proche. Mlle Germaine Détrez, qui a quitté Mons, sa ville natale, en 1952, garde un bon souvenir de ses voisines. Elle ignore depuis quand la statue originelle était absente de la chapelle. A la demande des habitants du quartier, l'abbé Jean Coquet, curé de Mons jusqu'en 2001, y a fait mettre une effigie de Notre Dame de Lourdes, sortie des réserves du diocèse en 1997. L'inscription « Coeur immaculée de Marie, P.P.N. » se détache en lettres dorées sur fond de mosaïque bleue.
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La plus ancienne de nos chapelles aurait été construite en 1890 au bout de la rue Hoche aujourd'hui disparue, au lieu-dit « La Goulette », appelé ainsi en raison de l'existence d'un ruisseau, sur un terrain appartenant à la famille Paquet-Scoutteten. Les constructions du siècle dernier ont bouleversé le paysage urbain et, si l'oratoire n'a pas bougé,les noms de certaines rues ont changé : c'est à l'angle des actuelles avenue René Coty et rue Faidherbe qu'on le trouve aujourd'hui.
On ignore à quel saint il fut dédié à la fin du 19e siècle. En 1929, le curé Alfred Salembier le qualifie de « monument délabré depuis plus de vingt ans » dans le « Bulletin paroissial » et il appelle vigoureusement les fidèles à une souscription pour sa restauration. Il sera consacré à la « petite soeur Thérèse de l'Enfant Jésus », canonisée en 1925. « La petite Sainte française fera descendre une pluie de roses sur ce quartier et sur la paroisse », écrit le curé à ses paroissiens. M. Gruson, architecte, conçoit les plans de la réfection et évalue les frais à 4 000 F de l'époque. Un an plus tard, les recettes s'élèvent à 4 183 F. Les habitants du quartier, composé « d'honnêtes ouvriers » selon M. Salembier, ont bien donné, proportionnellement à leurs modestes moyens. D'autres, plus fortunés, ont participé très largement. La statue est offerte par « un jeune ménage reconnaissant à Sainte Thérèse ». Les travaux vont bon train. Le fronton, la toiture et le dallage sont restaurés. On pose une nouvelle porte vitrée et la sainte sera installée sur un piédestal en « chêne massif de Slavonie ». La bénédiction solennelle a lieu le 21 juin 1931. La statue de Sainte Thérèse est acheminée dans les rues pavoisées de Mons, en présence de 700 à 800 personnes. Un mois plus tard, l'Association diocésaine devient définitivement propriétaire de la chapelle.
A l'angle du pavé de Roubaix (rue du Général de Gaulle) et de la rue de Marcq (aujourd'hui du Baroeul), près du Tape Autour, fut érigée en 1826 une chapelle plus importante, dite « chapelle de secours », qui servit de lieu de culte. Le village de Mons dépendait alors de la paroisse d'Hellemmes. On ne sait quand ce sanctuaire a disparu, vraisemblablement après l'édification de l'église Saint-Pierre en 1844. Son emplacement avait fait apparaître un nouveau lieu-dit, « La Chapelle », sur les plans du 19e siècle. Non loin de là, les Oblats de Marie Immaculée, arrivés vers 1920, ont installé à l'entrée de leur jardin une réplique de la grotte de Lourdes, fréquentée par des gens du quartier. Ceux du Bas de Mons connaissent la chapelle d'Elocques, située sur Hellemmes mais toute proche. Ce vieil oratoire situé à l'angle des rues de Philadelphie et de Lannoy fut longtemps fréquenté par des croyants qui déposaient là un vêtement d'une personne chère, malade ou disparue - d'où le nom « des loques » - ou venaient simplement prier. Ces témoignages de la « religion populaire » font partie de notre patrimoine. Les municipalités successives l'ont bien compris. Elles ont tenu à préserver, à entretenir parfois ces modestes monuments, chers à la population des alentours.