Le DVD « par Mons et par veaux » a rencontré un franc succès auprès des Monsois désireux de connaître le passé rural de la commune. Grâce aux photos et témoignages des anciens, l'Association historique a pu constituer un fonds documentaire sur les fermes et produire cette vidéo rappelant que Mons fut d'abord un village, puis une petite cité au paysage champêtre, avant d'être la ville de 23 000 habitants que nous connaissons aujourd'hui.
Scène de moisson en 1946. Au fond, à gauche, le bâtiment clair n'est autre que la villa « Solitude » qui sera démolie vers 1970,
Sous les Carolingiens, le Barœul est occupé par une forêt, sans doute défrichée à la fin du Xlème siècle. Jusqu'en 1769, Mons-en-Barœul restera en partie « Terre d'Empire ». Cette dénomination désignait des enclaves appartenant au Saint Empire Romain Germanique, à l'intérieur de la châtellenie de Lille. Ces survivances datant de Charlemagne dispensaient les territoires concernés de certains droits et taxes. En 1553, on dénombre environ 300 habitants à Mons et 55 censiers pour 80 familles, plus 6 chevaux, 78 vaches, etc. Les villageois vivent de l'élevage et de la culture de céréales. Mais le calme des champs est souvent troublé, soit par les guerres car la butte de Mons intéresse les stratèges, tel le général Malborough qui veut, avec ses alliés des Pays-Bas, reprendre Lille à Louis XIV, soit par les catastrophes, telle cette épidémie qui fit mourir des troupeaux entiers de bovins en 1744, soit par la violence : on estime qu'il y eut « soixante crimes de sang soit un crime par an et par lieu », au cours du deuxième tiers du XVème siècle dans la châtellenie de Lille. Progressivement, les conditions de la vie paysanne deviennent un peu moins dures... mais en 1849, les maraîchers en route vers les marchés de Lille réclament au préfet l'ouverture du passage à niveau du chemin des Sorcières... à deux heures du matin. Cette anecdote, mise en scène dans le dernier Son et Lumière, est tout à fait historique.
La proximité de Lille a infléchi le destin de notre commune et de ses habitants. C'est ainsi qu'en 1878 une première série de propriétaires fut expropriée pour permettre la construction du Fort. Celui-ci, commandité par le général Séré de Rivières, fera partie d'une ligne de places fortes défendant la ville de Lille.
La deuxième cohorte d'expropriations se situe juste avant 1954, pour la construction du lotissement des Sarts. Notre cité qui atteint les 10 000 habitants en 1956 est encore très agreste. Enfin la création de la ZUP autour des années soixante-dix entraînera la disparition totale des derniers champs cultivés, des derniers prés, des derniers chemins des amoureux... Cette urbanisation galopante répondait à une grave crise du logement, elle permit de reloger dans des conditions décentes des personnes qui, pour certaines, vivaient auparavant dans des taudis. Mais ce sera au prix, du moins pour Mons dont la superficie est petite, d'une densification beaucoup trop forte de la population, entraînant les conséquences que l'on connaît...
Retour de moisson à la ferme Cousin en 1942. Les fermiers utilisaient pour la première fois une plate-forme munie de pneus au lieu des traditionnelles roues de bois.
« J'en avais les larmes aux yeux » nous disait une ancienne fermière qui venait de regarder la vidéo « Par Mons et par veaux ». Sans être forcément passéiste, on est souvent ému à l'évocation des paysages de sa jeunesse. Et celle-ci n'est pas si lointaine puisqu'en 1965, 28 % de notre territoire était encore classé terre agricole. Les récoltes étaient généreuses; les photos de moissons abondantes ou d'attelage tiré par trois superbes chevaux le démontrent amplement. Une liste de 14 fermes monsoises avec leur localisation a déjà été publiée dans «Mons-en-Barœul, du village à la ville». Outre qu'ils rythmaient le paysage, les bâtiments agricoles étaient bien connus des riverains qui allaient acheter leur lait à la ferme, par exemple chez Barbry ou à la ferme Cousin, dite du Sac au dos. La célèbre pâture Pottier servait de lieu pour les fêtes très campagnardes de l'Amicale laïque ou de la Paroisse. La ferme Huchette ou ferme d'En haut occupait largement le sommet de notre commune. Elle a fourni l'essentiel des terres de l'actuel Nouveau Mons. Les vaches de la ferme Delerue ont brouté dans leur pré à l'angle de la rue du Becquerel jusqu'au début des années 90. Quelques dépendances de la ferme D'Halluin sont toujours visibles à l'entrée de l'avenue Emile Zola. Il n'a pas fallu cinquante ans pour révolutionner tout cet environnement. Les ruptures et, pour certains, les blessures, sont encore fraîches. Nos enfants diront si c'était pour Le meilleur des mondes à la manière d'Aldous Huxley ou pour un monde vraiment meilleur.